L’enseignement de Ramana Maharshi
de Ramana Maharshi
L’ouvrage retranscrit les échanges entre Ramana Maharshi et ses visiteurs et disciples du 15 mai 1935 au 1er avril 1939.
Aux éditions Albin Michel, collection Spiritualités Vivantes. Edition originale, Talks with Shri Ramana Maharshi, copyright Sri Ramanasraman Tiruvannamalai, 1955.
Quelques extraits de ce qui est en Présentation de l’ouvrage :
Ramana Maharshi est un des plus grands sages et maîtres spirituels de l’Inde moderne. Il est venu pour transmettre l’ancienne sagesse de l’advaïta-védanta sous une forme nouvelle, simple et claire, basée sur sa propre expérience, et a rendu accessible à l’homme d’aujourd’hui le jnana-marga, la voie de la Connaissance.
A l’âge de 16 ans, il fit l’expérience profonde du Soi sans jamais avoir reçu l’enseignement d’un gourou. Il devint instantanément un sage, qui à partir de cet instant, demeura toujours conscient de son identité avec l’absolu. Les chercheurs de Vérité, ainsi que les innombrables visiteurs qui venaient le voir à la sainte montagne Arunachala voyaient en lui un sage d’une pureté sans égale et qui incarnait la vérité éternelle des Upanishad. Nombreux sont les témoignages de ceux qui se sentaient transformés en sa présence et ont eut un avant-goût de la félicité devant laquelle les plaisirs du monde s’effacent d’un seul coup.
(…)
C’est en juillet 1896 que sa grande transformation eut lieu. Venkataraman (nom de Ramana Maharshi) était dans sa dix septième année. Plus tard, Shri Ramana décrivit lui-même ce qui se passa à cet instant :
“J’étais assis seul dans une pièce du premier étage, dans la maison de mon oncle. Comme d’habitude, ma santé était parfaite, mais soudain une peur violente de la mort me saisit sur laquelle on ne pouvait pas se tromper. J’eus la sensation que j’allais mourir. Il ne se passait rien dans mon corps qui pouvait expliquer cette sensation et je ne pouvais me l’expliquer moi-même. Je n’ai pas chercher à savoir si la peur était bien fondée. J’ai senti “je vais mourir” et aussitôt je me suis demandé ce qu’il fallait faire. Faire appel à des docteurs, la famille ou des amis ne m’importait pas. J’ai senti que je devais résoudre le problème moi-même sur le champ.
Le choc causé par la peur me rendit aussitôt introspectif. je me suis demandé : Maintenant que la mort est là, qu’est-ce que cela signifie? Qu’Est-ce qui meurt? C’est ce corps qui meurt.” Aussitôt j’ai mimé la scène de la mort. J’étendis mes membres en les tenant raides comme si la rigidité cadavérique s’était installée. J’imitai la condition d’un cadavre pour donner un semblant de réalité à mon investigation. Je retins ma respiration et serrai les lèvres pour qu’aucun son ne pût s’en échapper, pour que le mot “Je” ou tout autre mot ne pût être prononcé. “Et bien! me disais-je, ce corps est mort. Tout rigide, il sera transporté au champ crématoire, où il sera brûlé et réduit en cendres. Mais, avec cette mort du corps, suis-je mort moi-même? Ce corps est-il le Je? Il est silencieux et inerte, mais je sens la pleine force de ma personnalité et même le son “je” en moi… séparé de mon corps. Ainsi “Je” suis un esprit, quelque chose qui transcende le corps. Le corps meurt, mais l’esprit qui le transcende ne peut être touché par la mort. Je suis donc l’esprit immortel.
Tout cela n’était pas un simple processus intellectuel. Tout jaillissait devant moi comme la vérité vivante que je percevais directement, presque sans raisonnement. Le “je” était quelque chose de très réel, la seule chose réelle en cet état; et toute l’activité consciente en relation avec le corps était centrée sur lui. Depuis cet instant, le “Je” ou mon “Soi”, par une fascination puissante, fut le foyer de toute mon attention. La peur de la mort s’est évanouie instantanément et pour toujours. L’absorption dans le Soi s’est poursuivie dès lors jusqu’à ce jour. D’autres pensées s’élèvent et disparaissent comme diverses notes de musique, mais le “je” demeure toujours comme la shruti, la note sous-jacente qui accompagne les autres notes et se confond avec elles. “